Ressources > Découvrez l'Eternalium à travers différentes histoires
Lieu inconnu, An 3228

00:15:35
À ceux qui me lisent, aux survivants de cette planète toxique nommée la Terre..., autrefois désignée comme la ‘planète bleue’, j’adresse ici ces quelques mots qui seront mes derniers… en tant qu’humain.
Je m’appelle Tom Anderson, je suis ingénieur et nous sommes en l’an 3228. Les conditions environnementales de notre planète sont devenues instables et m’obligent à partir.

00:13:15
La condition catastrophique de cette maudite planète n’est pas la seule raison de mon départ. Effectivement, il y a de ça une trentaine d’années, j’ai fondé un consortium d’ingénieurs travaillant sur une nouvelle forme de technologie. Alors que d’autres scientifiques essayaient, en vain, de renouveler notre atmosphère, nous, nous avions pour but d’extraire l’âme du corps et de la transférer vers un monde parallèle. Et nous avons réussi ! Mais, alors que nos essais devenaient concluants, nos installations ont été sabotées par une organisation secrète nommée « les sentinelles ».

00:10:23
Malgré les attentats dévastateurs des sentinelles contre nos laboratoires, nous avions la protection de plusieurs gouvernements et de principautés et nos moyens financiers et matériels étaient quasi illimités. Dès qu’un de nos centres était attaqué nous nous téléportions vers un autre lieu pour poursuivre nos recherches. Malheureusement ces chiens de sentinelles ont réussi à pirater le réseau de téléportation et beaucoup de mes confrères se sont désintégrés avant d’arriver à destination. Les pertes ont été terribles… Je dois avouer que je suis surpris par leur organisation et leur nombre. Comment font-ils pour s’infiltrer dans notre réseau et surtout, quelles sont leurs motiviation ? Après tout, si notre expérience réussit, nous offrirons à l’humanité un nouveau départ ! Les quelques sentinelles capturées et torturées par les services spéciaux n’ont jamais parlé… La seule information que nous avons, c’est ce tatouage, identique sur tous, gravé à l’intérieur de leur avant-bras droit « ETERNALIUM VIGILIA » signifiant « les sentinelles de l’Eternalium ». Certains spécialistes historiques osent croire que cette organisation existerait depuis des millénaires et protégerait l’accès d’un « autre monde accessible pour l’âme » Mais c’est insensé… comment un groupe de moyenâgeux peut-il avoir pour mission de protéger l’accès de ce que mon équipe et moi venons tout juste de découvrir ?

00:06:33
Même si je n’ai pas réussi à aller au bout de mes recherches, nos premiers essais nous ont déjà permis de transférer plusieurs centaines de volontaires vers cet autre monde. J’espère qu’ils sont arrivés entiers… et je ne sais pas exactement ce qui se trouve de l’autre côté, je manque de temps.

00:05:51
Je suis désormais seul dans ce bunker, improvisé comme laboratoire. J’entends les sentinelles découper au laser la seule porte blindée qui me sépare d’eux et je ne peux plus utiliser la téléportation dans la crainte de ne pas arriver à l’autre bout. Je m’apprête donc à franchir moi aussi ce chemin mystérieux qui me mènera ‘ailleurs’. Je suis le dernier à pouvoir paramétrer cette machine alors j’ai diffusé sur l’Ultranet suffisamment de notes pour que d’autres ingénieurs se mettent au travail et puissent tout mettre en œuvre pour que l’humanité quitte cette planète irrespirable. Voilà qui risque de ne pas faire plaisir aux sentinelles…

00:03:04
Il me reste à peine 3 minutes. J’ai déclenché l’autodestruction du bunker qui devrait faire écrouler ces murs de bétons et broyer les sentinelles qui se trouvent derrière ces portes pendant que moi, je serai déjà dans l’autre monde.

00:02:18
Si vous lisez ceci c’est que mon plan a fonctionné. Les données accompagnant ce message vous permettront de continuer les recherches.

00:01:03
Restez vigilants

Cambridge, An 1288

La brume assombrissait de plus en plus les rues de la ville..., la journée était grise et froide. Du haut des toits, les corbeaux étaient les maîtres de ce paysage désolé et se moquaient des chiens décharnés qui cherchaient désespérément quelque chose pouvant encore être avalé parmi les ordures.

Un groupe de trois hommes habillés en noir, le visage masqué par leur capuchon, marchait à vive allure. Ils avaient la carrure et l’assurance de chevaliers, les passants ne cherchaient pas à croiser leur regard. Le plus grand d’entre eux menait la marche. Il semblait connaître le chemin. Une canne au pommeau d’argent dans sa main droite frappait le sol de façon métronomique en faisant jaillir l’eau souillée qui stagnait sur les pavés. Ils tournèrent vers une petite rue qui longeait des habitations en pierre, les plus anciennes et plus huppées de la ville. Un peu plus loin, vers le milieu de la rue, ils s’arrêtèrent devant une porte en bois. Bien que petite, elle semblait épaisse. Elle était surplombée d’une forme triangulaire taillée dans la pierre. Au centre de ce triangle on pouvait lire des lettres usées par le temps « ETERNALIUM VIGILIA ». À l’aide de son pommeau, l’homme à la canne frappa à la porte plusieurs petits coups à intervalles irréguliers. Les deux autres regardaient aux extrémités de la rue, comme s’ils craignaient d’être vus.

Après une brève attente, la porte s’ouvrit et laissa apparaître un homme barbu qui était encore plus imposant qu’eux. Le haut du montant de la porte masquait sa vue et il devait se baisser pour voir le visage des trois hommes. Il ne dit rien mais après avoir échangé un regard avec l’homme à la canne, il fit un signe de la tête, comme une approbation, puis laissa entrer les trois visiteurs.

À l’intérieur, plusieurs hommes et femmes attendaient assis autour d’une grande table. Parmi eux une vielle femme avait deux chaises libres à ses côtés. Un chandelier posé sur la table éclairait faiblement les visages de l'assemblée. Tous étaient silencieux mais l’ambiance n’était pas morne, elle était solennelle. Quelque chose dans leurs yeux donnait un sentiment d’accomplissement et de fierté.

L’homme à la canne et un des deux autres visiteurs prirent place aux côtés de la vielle femme et retirèrent leur capuchon. L’homme à la canne avait des cheveux blancs et les yeux d’un bleu intense. Sa peau était tannée par le soleil. Le deuxième était plus jeune d’une vingtaine d’années. Brun, les cheveux courts, il fixait de ses yeux verts le dernier visiteur qui était resté debout et qui était le seul à avoir gardé son capuchon. Il faisait face, dignement, à l’assemblée. Après quelques minutes de silence, la vieille femme se leva et prit la parole. Elle avait une cicatrice qui parcourait son visage du milieu du front jusqu’au coin droit de ses lèvres. Son œil droit était aveugle mais l’œil gauche était vif. Elle regardait l’homme debout et prit la parole :

« Roderick, ta loyauté n’est plus à prouver. Ton mentor et ton coéquipier ici présents m’ont raconté ta formation. Tu as été assidu, courageux et tu connais désormais les règles qui régissent notre ordre. Ces règles scellées il y a plusieurs centaines d’années par un druide, un nécromant et un alchimiste... »

La vielle femme s’interrompit, un groupe d’hommes passait dans la rue. On les entendait parler fort derrière la porte. Quelques membres de l’assemblée posèrent lentement leur main sur le pommeau de leur épée. Prêts à bondir. Finalement les voix s’éloignèrent et la vielle femme continua :

«… Malgré leur grande différence, ces magiciens avaient un point commun. Ils savaient comment séparer l’âme du corps pour la faire voyager dans un lieu luxuriant où l’on peut vivre en paix et éternellement. Je ne parle pas du paradis, cette vulgaire invention des religieux, mais je parle bien de l’Eternalium. Ce deuxième monde réservé aux âmes les plus sages, où le temps ne passe pas et où les choses les plus fabuleuses sont possibles. Bien sûr, l’Eternalium fait beaucoup d’envieux, des conquérants sanguinaires aimeraient accéder à cet endroit où la vie est éternelle. Pour faire face à cette menace, les trois maîtres magiciens créèrent l’ordre des Sentinelles. Composées d’hommes et de femmes de tous pays, les sentinelles auraient pour mission de protéger les portes de l’Eternalium coûte que coûte. En échange de cet engagement, après 25 ans de bons et loyaux services, les sentinelles auront un accès privilégié à l’Eternalium. Aujourd’hui, Roderick, tu deviens une sentinelle. Comme nous, tu t’engages à protéger le secret de l’Eternalium. »

En entendant ce dernier mot, le reste de l’assemblée lança à l’unisson « VIGILIA ». En silence, Roderick acquiesça doucement d’un signe de la tête puis la vielle femme donna plusieurs parchemins à son coéquipier assis à côté d'elle et continua :

« L’ordre des sentinelles est aussi grand que le monde est vaste. Pour ta première mission, toi et ton coéquipier devrez aller vers l’orient. Nous avons reçu un message de nos confrères à l'Est. D’après ce que nous avons réussi à décoder il y un groupe de renégats qui sème la terreur auprès des magiciens. Beaucoup d’entre eux ont déjà été brûlés sur le bucher.»

L’homme aux cheveux blanc ferma les yeux et baissa la tête comme pour se recueillir puis il prit la parole d’une voix grave :

« Pour l’heure, il semblerait que le secret de l’Eternalium soit toujours intact. Mais nos ennemis deviennent de plus en plus cruels et la défense des magiciens est affaiblie. Roderick, si jamais l’Eternalium tombe entre les mains du reste du monde, tout ce pour quoi nous nous battons sera perdu.»

Le coéquipier de Roderick se leva et rangea sous sa tunique les parchemins que lui avait donnés la vielle femme. Il se dirigea aux cotés de Roderick pendant que le reste de l’assemblée se levait. La vielle femme conclut :

« Suivez les plans, vous croiserez beaucoup de nos agents sur votre route. En tant que Sentinelles, ils vous doivent allégeance. Ils vous aideront et mettront tout en œuvre pour mener à bien votre mission. Partez sans plus attendre et protégez l’Eternalium, au prix de votre vie si cela est nécessaire».

Roderick tendit ses bras devant lui, la paume des mains vers le bas. Il serra les poings et croisa ses avant-bras. Le reste de l’assemblée l’imita dans un silence majestueux. C’était la première fois que Roderick faisait ce salut. Malgré la longue aventure qui l’attendait, il se sentait fier d’être devenu une sentinelle.

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